J'avais préparé la maison en décoration - pour la première fois de ma vie - on ne peut plus romantique. Kristen avait été assez chamboulée par Maxime - Qui, entre parenthèses, m'avait enfin avoué qu'elle était folle de moi - et je décidai de lui faire plaisir, de la détendre. Cela faisait longtemps que nous n'avions rien fait ensemble et je voulais que cette fois soit magique. Le médecin avait dit que c'était à cause de ces sur ménagements que l'état de Kristen et du bébé étaient médiocres mais si je la traitais avec douceur, il n'y avait pas de raison. Rien que pour le sourire de Kristen lors de son arrivée, je ne regrettais pas mon geste. Elle passa ses mains autour de mon cou et m'embrassa comme elle savait si bien le faire.

▬ Je ne peux vraiment pas rester fâcher avec toi trop longtemps…

Je répondis à son baiser, le fait que l'on soit à nouveau proches me réconfortait. Elle me susurra dans l'oreille les fameuses sept lettres, et je lui répondis. J'avais de moins en moins de mal à le faire. Je la pris dans mes bras et l'emmena sur le lit telle une princesse. Je retirais son tee-shirt puis dégrafai son soutien-gorge en douceur. Je me déshabillai en suite moi aussi. Nous étions à présent entièrement nus, je l'embrassai dans le cou, partout, j'essayai de la traiter avec le plus de soin possible. Le fait qu'elle se laisse faire me réconforta. Nous étions arrivés à un stade plutôt élevé de la chose lorsque...

- Hum hum.

C'était Maxime, qui toussotai dans l'encadrement de la porte. Merde, je n'avais pas fermé à clef, quel idiot. Nous n'avions pas l'air très fin, Kristen et moi, moi à califourchon sur elle, sous les yeux de Maxime... Je lâchai Kristen et me leva en sursaut, cachant " vous savez quoi " avec mes mains du mieux que je ne le pouvais... Je n'osais regarder ni Maxime, ni Kristen.

La porte était ouverte, alors j'étais entrée naturellement. Hugo m'avait dit que j'étais toujours la bienvenue chez eux. Je n'entendais rien alors je l'avais cherché dans toutes les pièces... Jusqu'à le trouver dans la chambre, dans une position pas très catholique, avec Kristen. La chance qu'elle avait... La voir ainsi avec lui me rendait jalouse ! Je toussotai alors, ce qui évidemment les surpris. Kristen était rouge de honte et Hugo se leva rapidement, essayant de se cacher avec ses mains... Bel homme ! Mais me rincer l'oeil aurait été inaproprié.

▬ Tu sais ce que ça veut dire frapper à la porte quand on va chez quelqu’un ?!

Hugo se tourna pour enfiler son caleçon, et Kristen remontait les draps jusqu'à son cou. Mon Dieu, si je ne m'étais pas retenue je lui aurais arraché les cheveux !

- Hugo m'as-dit que j'étais la bienvenue et que je pouvais venir quand je le voulais, n'est-ce-pas ?

Il acquiesa. Je me tournai vers Kristen, d'un regard mauvais.

- Quant à toi si tu n'arrêtes pas de suite de me parler comme un chien, je te jure que tu vas le regretter !

Une fois qu'Hugo avait enfilé son caleçon, je le pris par la main et passa mon bras derrière son cou. Il passa le sien derrière le mien aussi. Je m'appuyai contre son épaule et nous nous apprétâmes à sortir de la chambre.

▬ Tu veux quelque chose à boire ?

Elle essayai de faire une fois de plus la gentille pour bien se faire voir auprès d'Hugo... Ridicule... Je la regardai et l'ignora d'un coup de tête pour lui faire comprendre que je n'en avais rien à faire de son verre.

- Hugo, on sort s'il te plaît ? J'en ai marre de rester dans cet appart' à rien faire. Avec une femme enceinte, c'est pas très drôle.

Je regardais Kristen d'un air, certes, de peste. Mais j'aimais vraiment super fort Hugo et j'avais envie de rendre jalouse la femme qui était à ses côtés. Je savais qu'Hugo cédais au moindre de mes caprices, beaucoup plus qu'à Kristen d'ailleurs. Cela me donnait un avantage.

- Kristen, viens avec Hug' & moi si tu veux.

Je savais qu'elle devait se ménager vu son état, et qu'elle ne pourrait donc pas venir avec nous. Quoique, j'aurais bien aimé qu'elle nous rejoigne pour l'enfoncer encore plus.

▬ Ecoute, Hugo et moi ont été juste un peu occupés alors s’il te plait…

Pour qui se prenait Kristen, pour parler ainsi à Max sans avoir ma décision ? Elle ne gênait pas du tout. Certes, elles nous avaient interrompus mais et alors ? Elle restait mon amie, ma meilleure amie et bien plus que ça et elle ne devait pas être traitée de la sorte. Soudain, Kristen eut à nouveau une sorte de vertige et je me rappellai la soirée au restaurant. Seulement, cette fois-ci, elle repris conscience quelques minutes plus tard. Il fallait vraiment qu'elle se ménage et qu'elle déstresse, qu'elle oublie toute cette histoire avec Maxime et qu'elle se détente. Qu'elle ne fasse pas attention à nous et s'occupe uniquement d'elle même. Je m'assis à ses côtés et posa ma main sur la sienne.

- Ecoute, tu n'as pas à te faire du mal comme ça. Si tu veux, je sors avec Maxime et tu restes à la maison.

Cinq heures du matin. Maxime et moi rentrions de notre soirée bien arrosée ! Nous avions passé la nuit dans un premier temps dans les rues piétonnes, puis en boîte... En suite, je ne m'en rappellais plus trop. Trou noir. Il faut dire qu'on avait pas vraiment lésiné sur les drogues et les alcools en tout genre. J'avais la tête qui tournait, j'avais un peu abusé de tout et les mélanges n'étaient pas top. J'avais pourtant prévu de ne pas boire ni fumer pour être sobre quand je rentrerais mais Maxime m'avait vite entraîner dans sa débauche et le résultat était là ! J'étais donc bras-dessus bras-dessous avec elle, Kristen nous regardait avec des yeux écarquillés. J'avais une bouteille de Whyski dans la main droite que je continuais à boire et un joint dans la main gauche. Maxime avait le maquillage qui coulait et buvait une bière avant que je lui passe mon joint. J'avais un mal de tête pas possible qui commençait à venir, mais je n'avais qu'une envie, c'était de rire. De mourir de rire ! Kristen était toujours sur le canapé, et j'aperçu un plat de pâtes sur la table du salon. Elle s'approcha de nous, d'un air inquiet. Ou énervé ? J'étais trop bourré et trop shooté pour le savoir.

Kristen nous retira la bouteille et le joint des mains, ce qui nous fîmes encore plus rire.

_ J'te jure si seulement vous vous voyez tous les deux.

Je ne voyais pas pourquoi elle avait un visage si énervé, alors que moi j'étais juste mort de rire. Je ne comprenais pas. Je me sentais si bien... Tellement mieux. Kristen m'assit sur le lit, j'avais du mal à tenir debout. Je n'arrivais même plus à me remémorer la soirée ! Je baissa la tête, je n'avais plus du tout envie de rire. J'avais juste un énorme mal de tête, ce qui était plutôt rare étant donné mon aisance avec l'alcool. C'était ça le problème avec les drogues, un instant tu te sens mieux que jamais, tu rigoles à en pleurer et l'instant d'après, ça te fait l'esprit d'une bombe, d'une mini dépression. Mais la première partie était tellement bien que je n'avais pas envie de me priver. De plus, j'avais depuis longtemps dépassé ce stade lorseque je ne forçais pas trop sur la dose. Là, c'était un cas exeptionnel.

_ Mais qu'est-ce qu'il t'es passer par la tête de te bourrer la gueule comme ça Hugo ?

J'avais la tête qui tournait, qui tournait... Je m'allongeai sur le lit et ferma les yeux. ça me soulageait un peu.

- Mais lâche moi, on profite, on voulait s'amuser... Putain je veux un joint... Merde il est où le joint ?!

Je m'agitai, cherchais partout dans les draps, ce qui était idiot étant donné que Kristen l'avait arraché des mains de Maxime quelques minutes plus tôt. Mais j'étais trop défoncé pour être lucide.

_ Je les aient éteint tes joints merde Hugo !

Je m'assit convenablement. Je commençais à retrouver peu à peu de la lucidité. Je n'entendais plus Maxime de l'autre côté, elle devait s'être endormie.

_ Tu m'soules Hugo, tu sais tu peux aussi t'amuser avec moi, mais pas de cette manière. Tu fiches ta santé en l'air !

- Tu vas pas me faire une scène pour une soirée... Tu savais à quoi t'attendre avec moi. Et puis pourquoi tu l'as éteint aussi ? J'en voulais moi, décides pas à la place des autres ! Aah, j'ai mal à la tête... Arrêtez de faire bouger les meubles...

Tout était flou autour de moi, je voyais tout en double, j'avais l'impression que les murs bougeaient. Kristen était énervée, peut-être me reprochait-elle le fait que je ne m'amusait pas de la même manière avec Maxime. Je m'en fichais de foutre ma santé en l'air. Après tout, j'étais un vampire. Rien ne pouvait me tuer, et j'étais beaucoup plus résistant qu'à mon époque humaine.

▬ J’ai éteins ton joint tout à l’heure parce c’est mauvais pour le bébé. Même si il n’était pas voulu, je commence à tenir à lui.

Peu à peu, je reprenais de la lucidité et c'est vrai, c'était vraiment idiot. J'avais été idiot. Fumer, c'est déjà mauvais pour un bébé, mais fumer de la drogue, c'était encore pire. Je me comportais comme un gamin irresponsable. Mais je ne pouvais me cacher que ça faisais du bien d'être à nouveau moi. Ou plus exactement l'ancien moi, celui qui testais tout et nimportequoi avec Max.

▬ Tu te sens mieux ?

Elle s'inquiétait de ma santé malgré ce que j'avais fait et son énervement. Cette fille était vraiment incroyable.

- Un peu mal à la tête, mais ça va. Ecoute Kristen, excuse-moi... Pour ça bien sûr, mais aussi pour le bébé, pour tout ce que je t'ai fait subir jusque là. Notre rencontre a eu beaucoup plus d'effets négatifs que de positifs sur toi. Saches que tu peux toujours retourner en arrière et me quitter. Avec un père comme ça le petit ne sera pas très net.

▬ Hugo je t’interdis de penser des choses pareilles ! Je…je…non, le petit ne sera pas net s’il ne connait pas son père. Je…ne veux pas vivre ça sans toi. Si je m’en vais, ça sera parce que tu m’auras viré de chez toi, parce que tu m’auras dit que tu ne veux plus de moi…tu veux encore de moi Hugo ?

- ... Bien sûr que oui...

Je lui dit ces mots en même temps qu'un baiser long, tendre et profond. J'étais peut-être un peu moins lucide que d'habitude mais tout de même assez pour lui donner un baiser digne de ce nom. Je continuais de l'embrasser et mes mots se mêlèrent à mon baiser.

- Je vais essayer d'être un peu plus... sage.

Je me retirai de ses lèvres, même si j'aurais pû continuer encore des heures si je m'étais écouté. Mais non, il fallait ménager Kristen. Je ne voulais pas encore faire de bêtises.

▬ A cause des problèmes que j’ai eu, on a du me faire des prises de sang et…je connais le sexe du bébé. Tu veux savoir ?

Déjà ? Kristen m'en avait parlé et j'avais évité la question mais là, j'étais comme mis au pied du mur. Je ne me doutais pas que ça arriverais aussi vite. Au fond, le sexe du bébé ce n'était rien, mais ça représentait beaucoup. Et ça rendait les choses beaucoup plus concrètes. Cet enfant n'était plus une illusion, et chaque jour il devenait un peu plus réel. Je ne voulais pas savoir pour cette raison là mais au fond, j'en avais tellement envie. Dans l'absolu, j'aurais voulu un fils. Ethan. En hommage à mon frère (au deuxième sens du terme, j'entends.) C'était mon seul ami après ma séparation avec Maxime, on était tout le temps fourré ensemble. Et encore, le terme amis était bien faible. On pouvait passer des heures assis sur un banc à fumer, sans parler, sans se regarder. Juste comme ça. On avait tous les deux le même tempérament de solitaire, et il nous était aisé d'être ensemble sans vraiment l'être. C'était réconfortant dans tous les sens du terme. On s'était connus à l'orphelinat, lui non plus n'avait pas eu une vie facile. Peut-être même pire que moi, bien pire. Lui, il avait connu sa famille et moi, j'avais eu la chance de ne pas la connaître. On ne se le disait pas, on ne se le montrait pas, mais on savait qu'on pouvait compter l'un sur l'autre en toutes circonstances. Même cette nuit là. Ethan moura lors d'une fuite après une embrouille de rue. Je m'en étais tiré, par chance. Pas lui. Sa mort m'enfonça encore plus dans ma débauche déjà bien avançée pour mes 19 ans. J'avais encore plus la haine. Pas seulement envers ceux qui l'avaient tué non, j'en avais après la terre entière. Et je voulasi venger Ethan. Mais je n'en eut pas l'occasion, et ça me rendait malade. Très peu de choses pouvaient me faire du mal. Trois choses seulement. Kristen, Maxime, et Ethan. J'étais pourtant quelqu'un d'assez fort, mais rien que de penser à lui me fit l'impression d'un coup de poignard. Comme si la plaie que j'avais protégée et gardée cicatriser depuis des années commençaient à se ré-ouvrir peu à peu. Des images me revenèrent en force dans la tête. La plaie continuait à s'ouvrir, pour saigner complètement à présent. Je portais ma main à mon coeur, j'avais tellement mal que j'avais envie de me l'arracher, pour me soulager. Ma respiration s'accélera, j'espérais que Kristen ne l'eut pas remarqué, même si je savais que c'était peu probable étant donné qu'elle observait le moindre de mes faits et gestes. Mais, et si c'était une fille ? Je n'avais absolument pas l'idée de comment m'occuper d'un enfant mais je me voyais encore moins avec une fille. Non, je voulais un garçon. Ethan. Je repris ma respiration et répondit enfin à Kristen.

- Oui, je veux bien savoir.

Une fille, un garçon ? Un garçon, une fille ? Non, même maintenant, malgré tout ce que je me faisais croire, la blessure est toujours belle et bien là, prête à se réouvrir à la moindre erreur. Oui Ethan, même maintenant, je continues à penser à toi. Pourquoi suis-je là, heureux, foutant mon bonheur en l'air avec des conneries ? Alors que toi, tu aurais dû vivre. Oui, toi, tu l'aurais mérité. La mort est injuste. La vie aussi. La justice n'est qu'une utopie de plus dans ce monde de fous. Et toi et moi, on le savait bien, on l'avait bien compris. Depuis longtemps déjà.

▬ Et bien je crois bien que ça serait un petit Ethan.

Mon Dieu. Les larmes me montèrent aux yeux. Moi, je pouvais pleurer ? Je pouvais ressentir ce sentiment si... Humain ? Si contradictoire par rapport à ma nature ? Kristen et moi allions avoir un enfant, un garçon. Ethan. Kristen posa ma main sur son ventre. Sur l'endroit où se trouvait notre enfant.

▬ Je suis heureuse avec toi. Même si je ne suis jamais contente et toujours en train de raller, je suis vraiment heureuse. J’espère que je sais te rendre heureux moi aussi.

Oui, Kristen me rendait heureuse. C'était elle qui m'avait sorti de ce dans quoi je baignais depuis bien trop longtemps déjà. Sans elle, je serais encore entrain de me morfondre et d'enchaîner conneries sur conneries. Elle m'avait tiré de là, et jamais je ne pourrais lui en être autant reconaissant. Je lâchai la main de Kristen. Je retenais avec un mal fou les larmes qui s'accumulaient dans mes yeux. Mon Dieu, comme je détestais me sentir si faible !

- Kristen, j'aimerais te parler... D'Ethan.

▬ Je t’écoute, tu sais que tu peux tout me dire.

Par où commencer ? Il y a avait tellement à dire.

- Merci... J'ai passé toute mon enfance à l'orphelinat comme tu le sais, et c'est là que j'ai fait sa connaissance. On était tout le temps fourrés ensemble à faire les quatre cents coups, les pires bêtises de toute ma vie, je les ai faites avec lui. On passait des heures ensemble sans rien dire, sans même nous regarder tu sais, notre présence nous suffisait et on savait qu'on était important l'un envers l'autre et qu'on ferait nimportequoi l'un pour l'autre. C'était mon frère, vraiment. Un jour, une histoire de deal a mal tourné et nous avons pris la fuite sous les menaces des dealers... Ethan ne s'en ai pas tiré. Et tu sais, ça m'a fait mal comme jamais, et ça continue à me heurter aujourd'hui encore. Je me sens tellement... Coupable. Pourquoi je vis et lui il est mort ? J'arrive pas à trouver un sens à tout ça. Je regrette tant. Je le regrette tant. Jamais je serais aussi proche d'une personne. Et d'ailleurs je ne le veux pas, car il est irremplacable. J'ai tant de remors, si tu savais. Quand je me rappelle la douceur de son visage qui cachait un coeur si dur et si torturé par la vie, quand je me remémore la blondeur incroyable de ses cheveux et les prunelles vertes de ses yeux, ça me fait mal, Kristen.

Les larmes coulaient à présent mais je me retournais pour les cacher et les essuya de mon bras. Depuis combien de temps n'avais-je pas pleuré ? Des années ? Ce qui prouvait à quel point mon coeur était devenu noir. A quel point j'étais devenu totalement dépourvu de sentiment. Et à quel point Kristen avais ajouté petit à petit de la couleur dans ce coeur uniformément sombre.